Triste soirée... je pleure. La douce brise vient

Triste soirée... je pleure. La douce brise vient à moi pour m'apporter l'odeur de la mort. Tous ces squelettes qui m'entourent me crachent à la figure. Je te cherche parmi eux, mais ne te trouve... Es tu encore sur Terre ?

Non, tu es mort dans mes bras et par ma faute. Non, tu es mort dans mes bras et par ma main. Loin de moi tu t'en va et loin de moi tu restera. À toujours, à jamais, à nous... Adieu ! Je descends aux enfers et tu montes contempler Son visage. Les champs vastes des pleurs, les collines des lamentations, la rivière de l'oubli nous séparent. Charon, mon hôte perfide, comme un chien malheureux me suit jusqu'à l'entrée des enfers. Là, molosse à trois têtes et aux dents d'acier, gardien de la porte où je suis invitée, Cerbère, son échine courbé, regarde mon corps décharné. Et toi, quel ange est venu te secourir ? A quels délice ton corps est il soumis ? Le Paradis est il peuplé de nymphe et vertu ? Ta mort est t'elle plus douce que ta vie ? Pourquoi suis-je en enfer et toi au Paradis ? C'est moi qui t'ai tué, oui, mais c'est toi qui m'as plu. C'est par ta faute et ton orgueil, par tes yeux et par ta bouche que j'ai commis cet acte. Malheureuse j'étais, lorsque tu l'as dénudé, avec les mêmes gestes que tu m'avais faits ! Et elle, pauvre petite, qui croyait en tes serments. Et elle, pauvre petite, qui pour toi se serais tuée, comme moi je l'aurais fait. Je t'ai tué, oui, mais nos places sont inversées, c'est toi qui par les feux de l'enfer devrais à jamais brûler. C'est nous, pauvres petites, qui n'ont fait que t'aimer, qui à ta place goûterons les fruits amers du péché.